Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone avec Claudia Cardinale, Henry Fonda, Jason Robards, Charles Bronson.
Scénario : Sergio Leone, Sergio Donati, Dario Argento, Bernardo Bertolucci.
Italie, Etats-Unis 1968 - 165 minutes.
Dans l’Ouest américain en pleine expansion, une veuve, Jill McBain (Claudia Cardinale), hérite d’un terrain convoité par le chemin de fer. Autour d’elle gravitent trois hommes : Frank (Henry Fonda), tueur impitoyable aux ordres d’un magnat du rail ; Cheyenne (Jason Robards), bandit ambigu ; et Harmonica (Charles Bronson), mystérieux étranger dont la présence cache un passé sanglant. Entre vengeance, trahisons et luttes de pouvoir, chacun avance vers un affrontement inévitable… sous le soleil brûlant et au son d’un harmonica.
Sergio Leone est né à Rome le 3 janvier 1929 et mort le 30 avril 1989 dans la même ville, dans une famille déjà enracinée dans le cinéma : son père, Roberto Roberti, était un réalisateur du cinéma muet, et sa mère, Bice Valerian, une actrice. Très tôt, Leone est immergé dans le monde du septième art. Il commence sa carrière dans les coulisses du cinéma italien de l’après-guerre, d’abord comme assistant réalisateur, puis comme scénariste pour des péplums et des films d'aventure.
Il connaît la célébrité avec Pour une poignée de dollars (1964), premier volet de sa célèbre « trilogie du dollar », qui comprend également Et pour quelques dollars de plus (1965) et Le Bon, la Brute et le Truand (1966). Ces films, marqués par le style visuel unique de Leone, l'utilisation du gros plan, les silences tendus, et les musiques emblématiques d'Ennio Morricone, révolutionnent le western.
En 1968, il signe Il était une fois dans l’Ouest, un chef-d'œuvre du genre, suivi par Il était une fois la révolution (1971), un film plus politique. Après une longue pause, il revient en 1984 avec Il était une fois en Amérique.
En 1966 et après la Trilogie du dollar, Sergio Leone veut arrêter le genre et souhaite réaliser une grande fresque sur le gangstérisme américain des années 1930 (voir Il était une fois en Amérique).
Les producteurs lui confient un projet ambitieux : réaliser un western rendant hommage aux grands classiques américains. Pour l’écriture du scénario, Sergio Leone sollicite la collaboration de Bernardo Bertolucci (qui sera plus tard le réalisateur de 1900 et Le Dernier Empereur) et de Dario Argento (figure reconnue du giallo et de l’horreur, notamment avec Suspiria). Cependant, Sergio Leone estime que le travail des deux scénaristes ne répond pas entièrement à ses attentes. Il fait alors appel à Sergio Donati, qui rejoint l’équipe. Le scénario final atteint 420 pages, ce qui s’avère trop volumineux au moment du tournage. Sergio Donati passe ainsi 40 jours sur le plateau à supprimer certaines scènes et à adapter le scénario pour le rendre plus concis.
Pour ce film, l’idée de Sergio Leone est claire : abandonner l’action frénétique de la Trilogie du dollar ; faire un film « opéra » où la lenteur et les silences deviennent une arme narrative ; introduire pour la première fois un personnage féminin fort au centre de l’histoire.
Le tournage s’est déroulé aux quatre coins du monde : les extérieurs américains (Monument Valley, pour rendre hommage à John Ford) ; l’Espagne (paysages arides et villages typiques du western spaghetti) ; l’Italie (studios Cinecittà pour les scènes intérieures).
Un prologue qui dure 14 minutes… sans presque aucun dialogue.
Dans une petite gare isolée, trois hommes armés attendent un train. On ne sait pas qui ils sont, ni pourquoi ils sont là. Sergio Leone installe une chorégraphie du quotidien : le grincement d’une éolienne, une mouche agaçante, des bottes sur le bois, des gouttes d’eau sur un chapeau… Chaque bruit devient un instrument dans une partition du silence.
Un suspense étiré à l’extrême.
Pas de musique, uniquement les bruits de la scène. Le spectateur retient son souffle, jusqu’à ce que le train arrive enfin. Personne ne descend… sauf un homme, à contre-jour, jouant de l’harmonica : Harmonica (Charles Bronson).
— « T’as apporté un cheval de trop. »
— « On dirait que c’est toi qui en as apporté deux de trop. »
En quelques secondes, tout bascule : trois coups de feu, trois corps à terre. Leone signe ici l’une des ouvertures les plus mémorables du cinéma, où 14 minutes de tension explosent en 10 secondes de violence.
Personnage | Acteur | Rôle |
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Harmonica | Charles Bronson | Taciturne, marmoréen, le visage impénétrable. Il revient pour se venger. |
Frank | Henry Fonda | Méchant glaçant, contre-emploi total pour l’acteur jusque-là symbole d’intégrité. Frank est un tueur professionnel à la solde de Morton. |
Morton | Gabriele Ferzetti | L’homme du capitalisme arrogant, patron de la compagnie de fer. |
Jill McBain | Claudia Cardinale | Femme forte et libre, rare héroïne centrale dans l’univers de Leone. Ancienne prostituée d’origine française, Jill McBain vient de la Nouvelle-Orléans pour chercher fortune dans l’Ouest. Elle a épousé Brett McBain (Frank Wolff). |
Cheyenne | Jason Robards | Hors-la-loi ambigu, mélange de rudesse et de tendresse. |
Ennio Morricone (1928 – 2020) a composé la musique du film Il était une fois dans l’Ouest. Chaque personnage principal possède un thème musical distinct, permettant leur identification à partir de quelques notes.
Personnage | Thème musical | Instruments |
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Harmonica | Thème sombre et obsédant | Harmonica, guitare, cordes |
Frank | Motif menaçant et implacable | Cuivres graves, percussions, cordes |
Jill McBain | Thème lyrique et émouvant | Voix de soprano (Edda Dell’Orso), cordes |
Cheyenne | Thème léger et ironique | Guitare acoustique, bois, harmonica |
Source : Sergio Leone Il Rivoluzionario de Jean-François Giré – Volume 2 : l’Amérique.