À la suite des destructions provoquées par la Seconde Guerre mondiale, la France doit se reconstruire tant sur le plan économique que culturel. L'industrie cinématographique a subi des préjudices considérables. De nombreux studios de tournage ont été détruits ou réquisitionnés durant l'occupation. Les équipements techniques étaient obsolètes ou difficilement accessibles. Les cinéastes font face à un manque de ressources financières et humaines pour produire des films.
La création du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) en 1946 avait pour objectif de soutenir le cinéma français. Cette institution, qui existe encore aujourd’hui, visait à structurer et financer la production cinématographique en France par le biais de subventions et de taxes sur les billets de cinéma. Le CNC a contribué au développement de l’industrie en encourageant la création de films mettant en avant la culture et les talents français.
L'après-guerre est une période de transition pour le cinéma français, marquée par trois courants principaux : l’héritage du réalisme poétique, le « cinéma de qualité française » et les prémices de la Nouvelle Vague.
Bien que son apogée soit passée, le réalisme poétique, illustré par des cinéastes tels que Marcel Carné et Jean Renoir dans les années 1930, se distingue par :
Exemples de films marquants :
Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné : Un chef-d'œuvre tourné en pleine Occupation, qui incarne à la fois la résilience du cinéma français et l’héritage du réalisme poétique.
La Belle et la Bête (1946) de Jean Cocteau : Une œuvre mêlant poésie et féerie, symbole de l’influence persistante d’un cinéma visuel et métaphorique.
Ce terme, souvent utilisé de manière péjorative par les critiques des Cahiers du cinéma, désigne un cinéma académique qui domine les années 1940 et 1950. Il se caractérise par :
Exemples de films marquants :
La Symphonie pastorale (1946) de Jean Delannoy : Adapté du roman d’André Gide, ce film illustre parfaitement cette tendance, avec une grande attention portée aux dialogues et à l’interprétation des acteurs.
Monsieur Vincent (1947) de Maurice Cloche : Ce biopic sur Saint Vincent de Paul remporta un grand succès, notamment grâce à sa portée éducative et morale.
Au cours des années 1950, une génération de jeunes cinéastes et critiques commence à contester les normes établies du « cinéma de qualité française ». Cette période se distingue par l’apparition de films innovants qui, tout en respectant certaines traditions, intègrent des approches plus audacieuses :
Exemples de films annonciateurs :
Le Salaire de la peur (1953) d’Henri-Georges Clouzot : Ce thriller tendu et pessimiste est une critique indirecte du capitalisme et des rapports de pouvoir, marquant une rupture avec les récits académiques.
Ascenseur pour l’échafaud (1958) de Louis Malle : Avec sa bande-son de Miles Davis et ses cadrages modernes, ce film ouvre la voie à une esthétique nouvelle.
Les Cousins (1959) de Claude Chabrol : Un des premiers films considérés comme appartenant pleinement à la Nouvelle Vague.
Un autre aspect majeur du cinéma d’après-guerre est l’influence croissante des genres cinématographiques, notamment le film noir. Inspiré par le cinéma américain, le film noir français développe ses propres spécificités :
Exemples de films marquants :
Le Corbeau (1943) d’Henri-Georges Clouzot, bien qu’antérieur à 1945, reste une œuvre fondatrice pour le genre.
Les Diaboliques (1955) d’Henri-Georges Clouzot : Un thriller psychologique acclamé pour son suspense et sa complexité narrative.
Dans une période marquée par les traumatismes de la guerre, la comédie joue un rôle crucial en offrant une échappatoire au public :
Exemples de films marquants :
Jour de fête (1949) et Les Vacances de Monsieur Hulot (1953) de Jacques Tati : Ces œuvres offrent une critique subtile de la modernité et de la vie quotidienne, tout en restant accessibles et drôles.
Après la guerre, les courants cinématographiques en France montrent un conflit entre tradition et modernité. Certains réalisateurs restent fidèles aux styles classiques, tandis que d'autres initient un renouveau qui mènera à la Nouvelle Vague. Ce dynamisme illustre la diversité du cinéma français de l'époque.