Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.
Daaaaaali ! est un film sur le peintre espagnol Salvador Dali (1904 – 1989). La trame principale du film est l’interview par une journaliste française (Judith incarnée par Anaïs Demoustier). Celle-ci essaye à plusieurs reprises d’obtenir une interview, ses tentatives échouent à chaque fois. Puis le spectateur se trouve plongé dans le rêve d’un évêque.
Ce n’est en aucun cas un biopic, mais une approche différente focalisée simplement sur le personnage. La particularité de ce film c’est l’incarnation du peintre par plusieurs acteurs (Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand). En effet, tout au long du film on passe d’un acteur à un autre sans réelle transition. Dans une même scène, Dali est incarné par un acteur puis par un autre et encore un autre. Cette manière de faire renvoie directement au style du peintre lui-même, le surréalisme.
Finalement tous les acteurs qui personnalisent Dali, jouent de la même manière. Ils représentent le peintre dans toute sa splendeur, seule change l’apparence physique. Quentin Dupieux nous montre un Salvador Dali excentrique, capricieux, fou et à l’égo démesuré. Il y a également un hommage direct au cinéma de Luis Buñuel, surtout dans les scènes de rêve de l’évêque, où l’absurde prend le pas.
Daaaaaali ! est un film très original, notamment dans le déroulement de la narration. Le film est drôle et absurde à la fois. Quentin Dupieux a su faire preuve d’inventivité pour construire le scénario de son film et élaborer les scènes surréalistes. Daaaaaali ! est un hommage réussi au peintre espagnol.
Terrage FrédéricLe film est inspiré du livre Elvis et moi, autobiographie de Priscilla Presley. L’actrice Cailee Spaeny qui interprète le personnage de Priscilla, a obtenu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise 2023.
Le biopic de Priscilla Beaulieu femme d’Elvis Presley.
Priscilla est un film intimiste se situant à l’opposé du biopic conventionné Elvis de Baz Luhrmann sorti en 2022. Le film se présente quasiment comme un huis clos où l’on se retrouve dans l’intimité des deux protagonistes du point de vue de Priscilla uniquement. La jeune adolescente naïve qui découvre ses désirs voit son rêve se transformer en cauchemar malgré l’amour qu’elle porte à Elvis Presley, en effet, isolée dans la prison dorée Graceland, elle devient réduite au fur et à mesure à une poupée et subit la relation malsaine.
On ressent un profond malaise de cette relation toxique mais le film raconte surtout l’émancipation d’une très jeune femme engouffrée depuis ses 14 ans dans une relation de domination dont elle essaie de s’évader. Le « King » y est dépeint comme immature, violent, infidèle, cherchant à devenir un grand acteur à Hollywood et de surcroît la cinéaste surligne la banalisation de la consommation de drogues et de la pédophilie dans le milieu artistique à cette époque. Mais par dessus tout, il s’agit d’une introspection et d’une exploration de ce type de relation hommes femmes universelle rendant le personnage identifiable.
Le travail de Philippe Le Sourd à la photographie avec une lumière sombre magnifique, mêlé aux costumes et à la bande originale rendent le film très esthétique. Ensuite, l’actrice Cailee Spaeny magnifiée par les jeux d’ombres et de lumières ainsi que les costumes y est excellente et Jacob Elordi aussi, lui qui est maintenant habitué à ce genre de rôles. On trouve beaucoup d’idées intéressantes notamment la différence de taille du couple pour marquer le coup ou encore la demeure d’Elvis dépeinte comme une prison où l’étouffement semble palpable.
Cependant, le film souffre de quelques longueurs et d’un montage pas toujours rythmé avec peu de transitions fluides mais c’est la volonté de la cinéaste, on a l’impression comme Priscilla de tourner en rond au sein de la relation nocive. Elle filme toujours aussi bien la solitude et l’ennui mais on est malheureusement trop souvent à la limite de l’exercice de style où les ficelles se voient parfois.
Le film possède quelques défauts mais il s’agit d’un très beau portrait de femme, une plongée au cœur d’une relation toxique et étouffante dont la protagoniste essaie constamment de s’en échapper.
Yazbek Alexandre