John M. Stahl

Qui est John M. Stahl ?

John M. Stahl (1886–1950), de son vrai nom Jacob Morris Strelitsky, est né à Bakou, dans l’actuel Azerbaïdjan. Ce réalisateur américain, aujourd’hui quelque peu oublié, a pourtant marqué l’histoire du cinéma, notamment à Hollywood, durant les années 1930 et 1940.

Issu d'une famille juive ayant émigré de l’Empire russe, il s’installe dans son enfance à New York. Il débute comme acteur de théâtre avant de réaliser, en 1913, son premier film muet. Stahl est surtout connu pour ses mélodrames élégants et émotionnels, souvent centrés sur des figures féminines fortes et des situations morales complexes. Il est l’un des premiers réalisateurs à s’illustrer dans le genre du “woman’s picture”, ou « film de femmes », très en vogue dans les années 1930 et 1940.


Carrière

Au milieu des années 1910, Stahl commence sa carrière au cinéma à l’ère du muet. En 1919, il signe un contrat avec la Louis B. Mayer Pictures à Hollywood. Il amorce ensuite une nouvelle phase avec l’avènement du cinéma parlant et devient l’un des réalisateurs les mieux rémunérés d’Universal Pictures. Soutenu par son producteur Carl Laemmle Jr., il bénéficie d’une grande liberté créative : son film Une nuit seulement est l’un des plus gros succès commerciaux de l’année 1933. Fait rare à l’époque, Stahl a également un droit de regard sur l’écriture des scénarios de ses films.

Il réalise Only Yesterday (1933), avec John Boles et Margaret Sullavan, qui y fait ses débuts au cinéma. En 1934, il met en scène Imitation of Life, avec Claudette Colbert et Louise Beavers. Ce film, abordant la question raciale et maternelle, est nommé à l’Oscar du Meilleur Film, mais s’incline face à It Happened One Night, également avec Claudette Colbert, qui remporte l’Oscar de la Meilleure Actrice.

En 1935, il dirige de nouveau Irene Dunne, cette fois dans Magnificent Obsession, aux côtés de Robert Taylor. Ces deux films (Imitation of Life et Magnificent Obsession) seront plus tard remakés dans les années 1950 par le cinéaste Douglas Sirk.

Au début des années 1940, Stahl travaille pour la 20th Century Fox, adaptant ses œuvres aux besoins du studio. Il s’essaie alors à plusieurs genres : le film de guerre (Aventure en Libye, 1943), la comédie loufoque (Holy Matrimony, 1943), le mélodrame en Technicolor (Péché mortel, 1945), ou encore le drame choral (La Ville empoisonnée, 1948).

Jusqu’à sa mort en 1950, il continue de produire et de réaliser aussi bien des longs que des courts-métrages.

Les films de John M. Stahl

Les films de Stahl reflètent les réalités sociales de l’Amérique de son époque. S’ils ne sont pas exempts d’imperfections, ils abordent avec audace des sujets souvent passés sous silence. Le cinéma parlant permet à Stahl d’explorer en profondeur les tensions de classe et les rapports sociaux, ouvrant la voie à des lectures sociologiques et féministes de son œuvre.

Son nom reste lié à celui de plusieurs collaborateurs importants, comme les scénaristes Nunnally Johnson et Joseph L. Mankiewicz (Les Clés du royaume), ou les actrices Irene Dunne (Histoire d’un amour, Le Secret magnifique, Veillée d’amour), Margaret Sullavan (Une nuit seulement), et Gene Tierney (Péché mortel).

Enfin, l'œuvre de Stahl est fréquemment comparée à celle de Douglas Sirk, qui a repris plusieurs de ses films dans les années 1950. Toutefois, il ne faut pas que cette filiation occulte l’apport original et majeur de John M. Stahl à l’histoire du mélodrame hollywoodien.