En partenariat avec le Fonds Culturel Franco-Américain dans le cadre du centenaire de Warner Bros, la cinémathèque a proposé un dialogue entre le directeur de la photographie Wally Pfister, le critique Bernard Benoliel ainsi que l’historien du cinéma Laurent Mannoni suivi d’une projection en 35mm du film Le prestige de Christopher Nolan.
Biographie : Wally Pfister est né en 1961 à Chicago et a grandi dans la banlieue de New-York. A l’age de 11 ans, il assiste au tournage du film Shamus avec Burt Reynolds. Marqué par l’équipe qui installait les lumières et les caméras, il filmera ses premiers films et courts métrages avec la caméra 8mm de son père. Après le lycée, il enchaîne les emplois en commençant par assistant de production à la télévision puis cameraman pour un service d'information, il réalise des documentaires pour des sociétés de production et en 1988, il est embauché par le cinéaste Robert Altman en tant que cameraman. Après cette expérience, il s’inscrit à l’American Film Institute où il découvre le 35mm et où il rencontre et travaille avec Roger Corman, Phedon Papamichael ou encore Janusz Kaminski.
Wally Pfister se décrit comme un cinéaste naturaliste. Sa philosophie est la suivante : le plus important ce n’est pas la technique mais les idées. Après réflexion elles sont mises en pratique avec les outils cinématographiques que l’on possède à l’instant t.
Rencontre avec Christopher Nolan : Les deux hommes se rencontrent en 1998 au festival de Sundance. Wally Pfister avait dirigé la photographie de The Hi-Line et Christopher Nolan avait tourné son premier film ; Following : le suiveur. Ils tourneront ensemble le film Memento. Cette collaboration est un succès, Wally Pfister deviendra le directeur de la photographie du réalisateur pour Insomnia, Batman Begins, Le prestige, The Dark Night, Inception et The Dark Night Rises. Il sera récompensé de l’oscar de la photographie en 2011 pour Inception. Ensuite en 2014, il réalisera le film Transcendance avec Johnny Depp traitant de l’intelligence artificielle.
Le directeur de la photographie décrit Christopher Nolan comme un réalisateur humain, attentionné et ouvert d’esprit, ne considérant pas son équipe comme des techniciens mais comme des artistes ce qui leur a permis d’innover et de développer ensemble des techniques cinématographiques originales notamment avec le mélange de formats 35mm et IMAX sur un même film ou encore l’utilisation récurrente de la caméra à l’épaule. Il affirme aussi que Nolan a inventé un style cinématographique exigeant mélangeant les genres entre blockbusters et esthétique.
Yazbek AlexandreAdapté du roman éponyme de Christopher Priest, le film se déroule entre la fin du 19ème siècle et le tout début du 20ème siècle et raconte l’histoire de deux prestidigitateurs britanniques Alfred Borden (Christian Bale) et Robert Angier (Hugh Jackman) engagés dans une dramatique rivalité obsessionnelle.
Qu’est-ce que le prestige ? Le prestige est le dernier des trois actes d'un tour de magie venant après la promesse et le revirement. Le prestige est la dernière phase au cours de laquelle se produit le coup de théâtre venant bluffer le spectateur.
Inspirations : En plus des évidentes inspirations des illusionnistes Robert Houdin et Harry Houdini, on retrouve l’inventeur Nikola Tesla (interprété par David Bowie dans le film). Ce dernier s'est retrouvé en concurrence avec l'industriel Thomas Edison à la fin du 19ème siècle. Tesla défendait le courant alternatif et Edison voulait défendre son monopole avec le courant continu. Une rivalité scientifique que l’on retrouve dans le film, en effet, les deux magiciens en concurrence permanente se tournent vers les innovations sur l’électricité pour leurs spectacles et se battent pour le tour de magie de l'homme transporté.
Tournage : Le tournage du film commence dans les studios à Los Angeles en janvier 2006, Christopher Nolan sort du très long tournage de Batman Begins (environ 130 jours de tournage). La difficulté principale du film est de recréer entièrement le Londres du tout début du 20 ème siècle, de transformer Los Angeles en Londres à travers la caméra (on retrouve déjà le parallèle entre le cinéma et la magie, le spectateur est dupé jusque dans le décor). Le chef décorateur Nathan Crowley choisit des théâtres, construits entre 1910 et 1930 pour représenter les théâtres londoniens où se déroulaient les spectacles de magie. Contrairement à la plupart des films d'époque, le tournage se fait caméra à l'épaule avec une lumière naturelle créant une représentation très réaliste de ce à quoi pouvait ressembler Londres à cette époque.
Yazbek Alexandre