Charlot (Charlie Chaplin) est un ouvrier dans une usine. Il travaille sur une chaîne de montage et doit serrer des boulons. Le patron de cette usine teste de nouvelles techniques pour améliorer la productivité, avec notamment une machine expérimentale pour nourrir rapidement les ouvriers. Charlot devient le testeur de cette machine malgré lui. Par la suite, le rythme de la chaîne de montage est tellement intense que Charlot est atteint d’une dépression nerveuse et est envoyé à l’hôpital. A sa sortie, il est pris pour un meneur d’une manifestation et est arrêté. Libéré de prison, il rencontre la Gamine (Paulette Goddard), une jeune orpheline. Les deux vagabonds partent en quête d’un travail pour sortir de la misère.
Les Temps modernes fait écho à la crise économique de 1929 (krach boursier) aux Etats-Unis, crise bancaire (faillite de banques) puis crise industrielle (fermeture d’usines) et crise sociale (chômage, misère, faim). En 1933, Roosevelt lance la politique du New Deal (« Nouvelle Donne ») pour relancer l’activité économique.
En 1931 après le succès du film Les Lumières de la ville, Chaplin n’est pas sûr de réaliser un nouveau film sans dialogues. En effet, le 6 octobre 1927 sort aux Etats-Unis le film Jazz singer (Le chanteur de jazz), c’est le premier film parlant, chantant et musical. A partir de cette date les premiers films parlants feront leur apparition. Pour Chaplin faire des films parlants c’est tuer son propre cinéma. Effectivement, le personnage de Charlot a acquis une renommée mondiale grâce au langage universel de la pantomime.
Au début de l’année 1931, Chaplin s’accordera des vacances et décide d’arrêter de tourner pendant 16 mois. Il profitera de cette pause pour faire le tour du monde. Les différentes rencontres (plusieurs personnages influents) durant ce long voyage va pousser Chaplin à s’intéresser aux questions internationales. Et notamment la Grande Dépression, le capitalisme et le développement des machines. C’est alors que Chaplin pensera à développer un nouveau film, l’idée de Les Temps Modernes.
Pour Chaplin, Les Temps Modernes est « une satire de certaines situations de notre vie industrielle ». Le film restera muet malgré quelques effets sonores, presque sans parole. Pour autant, c’est la première fois que les spectateurs entendent la voix de Charlot avec l’interprétation de la chanson Titine dans le restaurant.
Chaplin avait d’abord tourné une fin triste et sentimentale. Pendant l’hospitalisation de Charlot à la suite d’une dépression nerveuse, la Gamine devenait nonne et se séparait de lui pour toujours. Mais cette scène fut abandonnée au profit d’un final plus positif.
Avec l’arrivée du Fordisme au début du 20e siècle, la production industrielle a évolué pour aboutir au travail à la chaîne. Ce modèle d’organisation est dû à Henry Ford avec la construction de la fameuse voiture la Ford T (surnommée familièrement Tin Lizzie ou Flivver aux Etats-Unis). Cette voiture est construite à la chaîne avec des pièces interchangeables et peu coûteuse, parfaite pour la classe moyenne américaine.
Le générique du début du film montre une horloge où les minutes s’égrènent, pour finalement s’arrêter sur 6 heures. C’est le commencement d’une journée de travail d’un ouvrier.
La première scène du film compare les ouvriers à des moutons. La masse d’ouvrier se rendant au travail. [L’enchaînement entre les deux plans (moutons – hommes) s’appelle un fondu enchaîné]. Ce ne sont plus des ouvriers qualifiés mais une main d’œuvre. Ils sont destinés à effectuer une tâche particulière, sans trop réfléchir à ce qu’ils doivent faire. On peut constater qu’il y a un mouton noir au milieu de la masse, ce mouton est le personnage de Charlot. Il se distingue des autres ouvriers. Charlot n’est pas travailleur et n’arrive pas à s’insérer dans la société.
Dans les plans suivants, le spectateur découvre l’usine et son fonctionnement. Un homme, le torse nu, semble mettre en marche la chaîne de production (il actionne plusieurs leviers). Puis un nouveau personnage apparait, c’est le directeur de l’usine occupé à faire un puzzle dans son bureau. Le directeur, isolé des ouvriers, s’ennuie. Grâce à un appareil posé sur son bureau, il peut contrôler l’ensemble de la chaîne de production. Ici, Chaplin nous montre le modernisme en action, des écrans géants et des caméras surveillent le travail des ouvriers. La machine a pris le dessus sur l’homme. Le directeur se contente de donner des ordres, accélérer les cadences ou réprimander un ouvrier paresseux.
Ensuite, on découvre le travail à la chaîne. Des ouvriers travaillent et serrent des boulons. Cette scène permet d’introduire un nouveau personnage, Charlot. Celui-ci est en total décalage avec les autres ouvriers, Charlot n’arrive pas à suivre la cadence imposée, toujours distrait par quelque chose. L’impression de vitesse est due au tournage de 18 images par secondes.
Un nouveau personnage apparait, c’est celui de la Gamine (Paulette Goddard). Ce personnage vit de petits larcins et fuit la police. Charlot fait en sorte de l’aider.
Il faut noter également par une série de quiproquo que Charlot est impliqué malgré lui dans diverses situations :
La fin du film apporte une note d’espoir, pour des jours meilleurs. Charlot et la Gamine sont devenus libres.