Alice Guy ou Alice Guy-Blaché (mariage en 1907) est née en 1873 et morte en 1968. Agée de 17 ans, Alice Guy s’installe à Paris à la suite de la faillite de l’entreprise familiale qui se trouvait au Chili, mais également aux décès successifs de son frère et de son père. Alice Guy va alors vivre à Paris avec sa mère et étudier la sténodactylo. En 1895, elle rentre dans une société de photographie parisienne, elle est recrutée par Léon Gaumont et en devient la secrétaire. Alice Guy va, sans le savoir, débuter une carrière dans le monde du cinéma. Elle durera 28 ans.
En 1895, les frères Lumière projettent sur un grand écran le film La Sortie de l'usine Lumière à Lyon. Il s’agit de la première vue photographique animée de l’histoire du cinéma. Ce film a été tourné avec la caméra Cinématographe des frères Lumière. Alice Guy assiste à la projection du film, elle y voit un nouveau moyen de raconter des histoires. Elle demande l’autorisation à son patron, Léon Gaumont, "d’écrire une ou deux saynètes et de les faire jouer par des amis". Gaumont accepte mais souhaite qu’Alice Guy continue en parallèle son travail de secrétaire. Alice Guy va donc s’essayer à la réalisation de films. Elle commence à écrire de petites "histoires fabriquées comme ça”. Alice Guy réalise La fée aux choux (1900), elle devient la première réalisatrice au monde.
Alice Guy délaisse son métier de secrétaire pour celui de cinéaste. Ainsi, elle s’installe à la tête de toute la production cinématographique de la maison Gaumont. "Elle supervisait la préparation des scénarios, des décors, des costumes ainsi que le travail de tous les cinéastes de la compagnie. De plus, elle était elle-même cinéaste, très souvent scénariste”, explique l’historien du cinéma américain, Alan Williams, dans un documentaire intitulé le jardin oublié.
Alice Guy développe la production de fictions (de 15% en 1900 à 80% en 1906), la maison Gaumont devient une société de cinéma et rivalise directement avec Pathé, son principal concurrent. Elle joue aussi un rôle actif dans la diversification des fictions en touchant à tous les genres (comique, aventure, drame, western, féérie, fantastique, opéra filmé, policier, documentaire, film de guerre et historique...). Elle milite pour la construction d’un grand studio de cinéma, en 1905, et en prend la direction.
En 1907, Alice Guy épouse Herbert Blaché, le représentant anglais de Gaumont à Berlin.
Juste après leur mariage, en 1907, Alice Guy et son mari sont envoyés aux Etats-Unis pour représenter Gaumont. Le couple s’installe à New-York, Alice Guy-Blaché donne naissance à son premier enfant et s’occupe du foyer. Elle décide par la suite de retourner dans le milieu du cinéma et fonde sa propre société : la Solax. Alice Guy produit et réalise ses propres films. C’est un immense succès et les médias s’intéressent de plus en plus à son travail. Alice Guy devient la femme la mieux payée des Etats-Unis. Alors enceinte de son deuxième enfant, elle entreprend la construction de son propre studio situé à Fort Lee (New Jersey), la capitale du cinéma de l’époque.
En 1919, son mari la quitte pour une actrice et part à Hollywood. Alice Guy le rejoint mais le couple finit par divorcer. En 1921, elle est contrainte de vendre son studio de Fort Lee pour épurer des dettes dues en grande partie à la mauvaise gestion d’Herbert Blaché. Divorcée et ruinée, elle rentre en France en 1922 avec ses deux enfants à charge. Alice Guy tente de revenir au monde du cinéma, mais il est déjà trop tard. On l’a oubliée. Elle ne tournera plus jamais.
A presque 50 ans, Alice Guy écrit de petits contes pour enfants pour assurer l’éducation de ses deux adolescents. Sa fille Simone, devenue adulte, trouve un emploi à l’ambassade américaine. Dès lors, Alice Guy la suivra dans tous ses déplacements.
A 80 ans, Alice Guy rédige ses mémoires. L’ouvrage ne paraîtra qu’après sa mort, faute d’éditeur. Si on peut qualifier Georges Miéliès « le père du cinéma », Alice Guy est bien « la mère du cinéma ».