Drame de François Truffaut, avec Catherine Deneuve (Marion Steiner), Gérard Depardieu (Bernard Granger), Jean Poiret (Jean-Loup Cottins), Heinz Bennent (Lucas Steiner), Andréa Ferréol (Arlette Guillaume), Sabine Haudepin (Nadine Marsac), Jean-Louis Richard (Daxiat), Lazslo Szabo, Maurice Risch (Raymond Boursier), Paulette Dubost (Germaine Fabre).
Scénario et dialogues : François Truffaut, Suzanne Schiffman. Directeur de la photographie : Nestor Almendros. Chef décorateur : Jean-Pierre Kohut-Svelko. Musique : Georges Delerue. Montage : Martine Barraqué. Production : Les Films du Carrosse.
France, 1980 – Couleurs – 2 h 15.
Césars 1981 : Meilleur film, Meilleur réalisateur (François Truffaut), Meilleur acteur (Gérard Depardieu), Meilleure actrice (Catherine Deneuve).
Un metteur en scène juif allemand (Lucas Steiner) s’est exilé à Paris pour fuir le nazisme. Il dirige le grand Théâtre Montmartre. En 1942 sous l’occupation allemande, il est alors contraint une nouvelle fois de partir mais il choisit de se cacher dans les sous-sols du théâtre. Il va confier à sa femme (Marion Steiner), qui est également comédienne, la tâche de monter la prochaine pièce...
C’est François Truffaut qui est un cinéaste français né en 1932 à Paris et mort en 1984 à Neuilly-sur-Seine. Il fait parti des réalisateurs de la Nouvelle Vague et il a réalisé 5 courts et moyens métrages, et 22 longs métrages de 1959 à 1983. Actuellement sur Netflix vous pouvez voir 12 films de Truffaut. Je vous conseille de regarder plus particulièrement Les Quatre Cents Coups, La Peau douce, Le dernier métro et La femme d’à côté. Le premier métier de François Truffaut est critique de cinéma aux Cahiers du cinéma et à Arts-Lettres-Spectacles, il a écrit quatre essais sur le cinéma. Il devient par la suite scénariste et réalisateur autodidacte.
François Truffaut a été influencé par Jean Renoir, Alfred Hitchcock (voir les entretiens et son livre Hitchcock/Truffaut) et également par Roberto Rossellini.
François Truffaut a tourné une bonne partie de ses films en décors réels, à l’instar des réalisateurs de la Nouvelle Vague. Quelques films comme Fahrenheit 451, le Dernier Métro et Vivement dimanche ! ont été réalisés dans les conditions du tournage en studio.
L’acteur fétiche de François Truffaut est Jean-Pierre Léaud. Celui-ci interprétera le rôle d’Antoine Doinel dans cinq films de Truffaut (la série autobiographique Doinel), Les Quatre Cents Coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal, L'Amour en fuite.
Jean Constantin ; Georges Delerue est le compositeur le plus fidèle des films de Truffaut (une dizaine de films) ; Antoine Duhamel ; Bernard Herrmann ; Maurice Jaubert ; Laurent Voulzy ; Alain Souchon ; Antonio Vivaldi ; Serge Rezvani.
J’aime ce film pour l’excellente mise en scène, peut-être et surement le meilleur film de François Truffaut. J’aime ce film pour la direction des acteurs, notamment pour le rôle de Gérard Depardieu qui sort encore une fois du lot. C’est également une autre façon d’aborder le thème de la Seconde Guerre Mondiale où le récit nous plonge en pleine période de l’occupation allemande.
Le titre fait référence au dernier métro parisien qu’il ne fallait pas rater avant le couvre-feu. La répétition de la pièce prend le dessus sur les événements présents mais oblige la troupe à satisfaire les Allemands. Le spectacle est surveillé par la propagande nazie et notamment par le personnage de Daxiat, interprété par Jean-Louis Richard, celui-ci est un critique de théâtre collaborationniste et antisémite.
François Truffaut rejoue d’ailleurs dans certaines scènes de son film des faits réels. En 1941, Alain Laubreaux fut frappé publiquement par Jean Marais pour avoir éreinté la pièce la Machine à écrire, de Jean Cocteau. On retrouve cette scène dans le film, Gérard Depardieu s’en prend à Daxiat. Le Dernier Métro s'inspire pour partie de la vie de Margaret Kelly (la danseuse Miss Blubell) et de son mari Marcel Leibovici pendant l'occupation. Les paroles d'amour de la pièce de théâtre jouée dans le film par les personnages de Catherine Deneuve et Gérard Depardieu sont tirées du film La Sirène du Mississipi avec en particulier les expressions « C'est une joie et une souffrance » et « L'amour fait mal ».
On redécouvre aussi le triangle amoureux (Depardieu : Bernard Granger, Deneuve : Marion Steiner, Bennent : Lucas Steiner), déjà vu dans Jules et Jim, les Deux Anglaises et le continent. Le Dernier Métro présente les coulisses d’un théâtre parisien pendant l’occupation allemande et l’évolution des personnages de la troupe. Le film nous montre aussi les rapports entre les différents protagonistes parfois tumultueux. L’histoire d’amour entre les personnages de Gérard Depardieu et Catherine Deneuve et enfin la scène finale du film est surprenante...
Terrage FrédéricEn écrivant le scénario du Dernier Métro, François Truffaut et Suzanne Schiffman pensent à l’actrice Catherine Deneuve, notamment pour le rôle de Marion Steiner mais un plus que ça. François Truffaut s’est inspiré de la famille Dorléac mais également de sa propre histoire. L’action du film du Dernier Métro se passe pendant l’occupation allemande de 1942, le directeur du théâtre, incarné par Heinz Bennent, doit fuir le nazisme parce qu’il est juif. François Truffaut est né de père inconnu, il a retrouvé en 1970 la trace de son géniteur. Contrairement à ce qu’il croyait ce n’est pas l’architecte Roland Truffaut mais Roland Lévy qui fut obligé d’abandonner son cabinet parisien de dentiste en 1941 pour fuir les lois du régime de Vichy sur le statut des juifs. C’est une facette qui a mené à l’écriture du scénario. L’autre facette concerne Catherine Deneuve.
Une famille d’acteur, le père et la mère étaient artiste dramatique, Georges Maurice Edmond Dorléac (1901-1979) et Renée Jeanne dite Renée Simonot Deneuve (née en 1911). Ils ont 3 enfants, Françoise Paulette Louise Dorléac (1942-1967), Catherine Fabienne Dorléac, dite Catherine Deneuve (née en 1943) et Sylvie Dorléac (née en 1946).
Les personnages du Dernier Métro sont des références directes à la famille Dorléac. Les comédiens du théâtre ressemblent aux parents de Catherine Deneuve ; l’habilleuse du Dernier Métro est la grand-mère maternelle qui était souffleuse ; le petit Jacquot qui répète sa réplique « Maman, tu crois qu’il va revenir, M Carl ? » c’est la mère qui fut recrutée enfant au Théâtre de l’Odéon.
Pour son film le Dernier Métro François Truffaut a puisé dans sa propre histoire. Il connaît bien les Dorléac et Catherine Deneuve lui a raconté leur histoire.
Référence : Article de Raphaëlle Bacqué du Monde.