Marco Ferreri

Qui est Marco Ferreri ?

Marco Ferreri (1928-1997) est un réalisateur, scénariste et acteur italien connu pour son style provocateur et sa capacité à explorer des thèmes sociaux et existentiels avec une satire souvent grinçante. Marco Ferreri n’a pas suivi une formation classique dans le domaine du cinéma, il a d’abord étudié la médecine vétérinaire à l’Université de Milan. Néanmoins, il n’a pas terminé ses études et se tourne rapidement vers le journalisme et la publicité, avant de trouver sa voie dans le cinéma. Marco Ferreri s’intéressera à la mise en scène et à l’écriture de scénarios. Cette absence de formation cinématographique l’amène à s’écarter des règles établies pour expérimenter avec les récits et les genres.

Éléments clés de sa carrière

Débuts en Espagne : une collaboration fondatrice. Ferreri débute comme producteur de publicités et se rend en Espagne dans les années 1950. C'est là qu'il commence à réaliser ses propres films. Il collabore avec le scénariste Rafael Azcona qui deviendra son partenaire créatif pour de nombreux projets. Marco Ferreri tourne trois films en Espagne avant de regagner l’Italie :

  • El Pisito (1958) : Une comédie noire sur un couple qui doit attendre la mort de leur logeuse pour obtenir un logement. Ce film annonce déjà son goût pour les situations inconfortables et tragiques.
  • Los Chicos (1959) et El Cochecito (1960) : Ces œuvres continuent d'explorer des thèmes sociaux, notamment les luttes de la classe moyenne et les absurdités bureaucratiques.

Retour en Italie : affirmation d’un style unique. Marco Ferreri retourne en Italie au début des années 1960. Il se fait remarquer par son style provocateur, mêlant satire et réalisme grotesque. Il explore des thèmes universels tels que l'aliénation, la société de consommation et les relations humaines.

  • Le Lit conjugal (1963) : Une comédie dramatique qui traite de la sexualité et du désir, avec Marcello Mastroianni dans le rôle principal. Ce film marque une étape importante dans sa reconnaissance.
  • La Donna scimmia (1964) : Avec Ugo Tognazzi et Annie Girardot, cette œuvre raconte l’histoire tragique et surréaliste d’un homme exploitant sa femme, atteinte d’hypertrichose, pour un spectacle forain. Une critique poignante du voyeurisme et de la marchandisation de l’individu.
  • L’Harem (1967) : Ferreri explore les dynamiques de pouvoir dans les relations, avec un regard lucide sur les désirs et les contradictions humaines.

L’âge d’or : la consécration internationale. Les années 1970 sont les plus prolifiques et les plus controversées de sa carrière. Ferreri réalise certains de ses films les plus célèbres et provocateurs, souvent interprétés par des stars européennes comme Marcello Mastroianni, Gérard Depardieu ou Michel Piccoli.

  • Dillinger est mort (1969) : Un chef-d'œuvre minimaliste et symbolique qui aborde l’ennui existentiel et la violence latente dans le quotidien.
  • La Grande Bouffe (1973) : L’un de ses films les plus iconiques, il choque le public et divise la critique à sa sortie. Cette fable nihiliste réunit quatre hommes (joués par Mastroianni, Piccoli, Tognazzi et Philippe Noiret) qui se lancent dans une orgie gastronomique morbide.
  • Touche pas à la femme blanche ! (1974) : Une satire politique qui transpose la bataille de Little Big Horn dans le Paris contemporain. Le film critique l'impérialisme américain et la modernité aliénante.
  • La Dernière Femme (1976) : Une exploration douloureuse des relations hommes-femmes, marquée par une scène finale choquante qui illustre la violence de la condition masculine dans une société en mutation.

Années 1980 : une période de diversité. Dans les années 1980, Ferreri continue de développer ses thèmes favoris tout en s’ouvrant à des sujets plus intimes et introspectifs. Il collabore avec des acteurs de renom, notamment Hanna Schygulla, Isabelle Huppert et Ornella Muti.

  • Histoire de Piera (1983) : Avec Isabelle Huppert et Marcello Mastroianni, ce film explore la relation fusionnelle entre une fille et sa mère, dans un mélange de sensualité et de tragédie.
  • Le Futur est femme (1984) : Une réflexion sur la maternité et le futur de l'humanité, où Ferreri mêle science-fiction et drame social.
  • I Love You (1986) : Un film étrange et introspectif sur un homme obsédé par un porte-clés parlant, symbolisant l’isolement et la déshumanisation dans le monde moderne.

Dernières œuvres : une continuité dans la subversion. Dans les années 1990, bien que moins prolifique, Ferreri reste fidèle à son style irrévérencieux. Ses derniers films continuent d’explorer les contradictions humaines et les absurdités sociétales.

  • La Carne (1991) : Une passion destructrice entre un homme et une femme, avec un regard acéré sur le désir et la possession.
  • Nitrato d’argento (1996) : Son dernier film, un hommage au cinéma et à son pouvoir de fascination, où Ferreri montre une certaine tendresse pour l’art qu’il a toujours utilisé comme un miroir de la société.
Héritage et influence

Marco Ferreri est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands provocateurs du cinéma. Son style unique, mêlant ironie, absurdité et critique sociale, a influencé des réalisateurs tels que Pedro Almodóvar et Lars von Trier. Son œuvre, bien que parfois controversée et difficile d’accès, reste un témoignage puissant des paradoxes de la modernité et de l’humanité.