L’Exorciste de William Friedkin avec Ellen Burstyn, Linda Blair, Jason Miller, Max von Sydow, Kitty Winn.
Scénario : William Peter Blatty.
Etats-Unis 1973 - 122 minutes - 133 minutes (version intégrale).
L'actrice Chris McNeil est inquiète au sujet de sa fillette Regan : après que l'on ait entendu des bruits curieux venant de sa chambre, la petite a changé, proférant de constantes insanités. Une force para-normale l'habite, qui coûte la vie au metteur en scène de Chris. Désespérée, cette dernière fait appel à deux exorcistes...
William Friedkin (1935–2023) est un réalisateur, scénariste et producteur américain. Il appartient au mouvement du Nouvel Hollywood des années 1970. Il a commencé sa carrière à la télévision et dans le documentaire au début des années 1960. Ses premiers longs métrages au cinéma incluent la comédie musicale Good Times (1967, avec Sonny & Cher) et l’adaptation du drame Les Garçons de la bande (1970). Il devient connu mondialement avec French Connection en 1971, un thriller policier qui remporte cinq Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. À la suite de ce succès, Friedkin réalise L’Exorciste en 1973, un film d’horreur qui lui vaut une nouvelle nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur.
Le style de William Friedkin se distingue par un réalisme brut, nerveux et dépourvu d’ornements, souvent utilisé pour des récits tendus, violents ou psychologiquement éprouvants. Issu du milieu documentaire, Friedkin privilégie les décors naturels et les plans longs non interrompus. Pour maintenir une tension constante, son montage est rapide et incisif. Il incitait également les acteurs à atteindre leurs limites émotionnelles, en utilisant des techniques de surprise et de provocation sur le plateau de tournage.
Le film est l'adaptation du roman éponyme publié en 1971 par William Peter Blatty. Ce roman s'inspire d'un cas réel d'exorcisme survenu en 1949 à Cottage City dans le Maryland. William Peter Blatty découvre un article intitulé Boy Reported Held in Devil's Grip relatant le cas d'exorcisme de Roland Doe, un garçon de quatorze ans. Selon Friedkin, Blatty écrit sur ce sujet car l'Église refuse de lui ouvrir ses archives. Le livre se vend à treize millions d'exemplaires aux États-Unis. Friedkin a pu parler directement avec la tante de l'adolescent, qui lui relate des détails non inclus dans le livre de Blatty mais intégrés au film, comme les meubles attaquant les personnages.
Plusieurs grands réalisateurs comme Stanley Kubrick, Arthur Penn ou bien Mike Nichols sont sollicités pour réaliser le film, mais sans succès. Blatty impose finalement Friedkin – fraîchement oscarisé pour The French Connection – pour faire bénéficier le film d’une approche réaliste et rythmée. Friedkin travaille avec Blatty pour que le scénario reste fidèlement calqué sur le roman : chaque scène est tournée « exactement comme dans le livre », avec les mêmes dialogues et événements.
Le tournage débute en 1972-1973 dans le quartier de Georgetown à Washington, D.C. Friedkin se montre exigeant sur les détails techniques et artistiques : par exemple, le décor de la chambre de Regan est construit sur rails pour pouvoir la secouer en totalité, et la pièce est réfrigérée à –30°C afin que les acteurs voient leur souffle s’exhaler. Linda Blair, l’adolescente qui jouera Regan, est choisie « par instinct » parmi plus de 500 candidates auditionnées. Ellen Burstyn est quant à elle engagée pour le rôle de sa mère, Chris MacNeil. Signalons que Jane Fonda avait initialement été approchée pour ce rôle, mais elle refusa en déclarant qu’elle ne croyait pas « à la magie ». Pour les prêtres exorcistes, Friedkin pense un temps à des stars comme Jack Nicholson ou Al Pacino, mais finit par choisir Jason Miller (un dramaturge jusqu’alors inconnu) pour le rôle du Père Karras.
La production du film comprend des effets spéciaux élaborés. Par exemple, pour créer les hurlements du démon, l’équipe enregistre des cris de cochon égorgé. La voix du démon Pazuzu (qui occupe le corps de Regan) est obtenue grâce à l’actrice Mercedes McCambridge, qui se fait attacher à une chaise et consomme du whisky, fume et mange des œufs crus pendant trois semaines, donnant ainsi ce timbre particulier au personnage. Pour la scène du vomissement, un décor spécial est construit afin de projeter de la "soupe de pois" sur l’acteur chargé de la réceptionner. Selon les anecdotes, le projectile atterrit accidentellement sur l’acteur, ce qui rend la scène plus réaliste.
La production de L’Exorciste a été entourée de nombreuses anecdotes étonnantes, parfois tragiques :
Le réalisateur confie, dans un premier temps, la musique du film au compositeur Lalo Schifrin qui enregistre même sa partition. Mais, mécontent du résultat lors des sessions d'enregistrement, William Friedkin rejette tout le travail de Schifrin et se tourne vers des musiques préexistantes. Schifrin prend d'une certaine façon sa revanche en composant, six ans plus tard, la musique d'Amityville : La Maison du diable, qui connaît un grand succès et obtient une nomination à l'Oscar de la meilleure musique. Pour le thème principal, William Friedkin choisit un extrait de l'album Tubular Bells, de Mike Oldfield, dont l'utilisation dans ce film va donner un coup de pouce à la carrière d'Oldfield et au tout jeune label Virgin, fondé par Richard Branson. Ce thème, froid et lancinant, a exercé une certaine influence sur la musique de films du genre, notamment sur celle composée par John Carpenter pour bon nombre de ses propres réalisations. Source : Wikipédia - Bande originale
L’Exorciste est reconnu comme une œuvre importante pour plusieurs raisons. Son mélange de réalisme documentaire, d’effets spéciaux, et de thématiques sur le bien et le mal lui donne une portée durable. Il a démontré qu’un film d’horreur pouvait attirer un large public tout en abordant ses sujets avec sérieux. Son intensité a contribué à sa renommée, étant encore discuté cinquante ans après sa sortie. La réputation du film s’est maintenue avec des records au box-office, des récompenses et des références dans la culture populaire qui justifient son statut dans le cinéma d’épouvante.