Dune

Dune

Dune de Denis Villeneuve avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Zendaya, Jason Momoa, David Bautista, Javier Bardem, Josh Brolin.

Durée : 2 h 35 min. Date de sortie : 2021.

Note : ★★★★☆ (4/5)
Résumé

En 10191, l’Empereur Shaddam IV reçoit le duc Leto Atréides (regnant sur la planète Caladan) et lui propose le fief de la planète désertique Arrakis surnommée « Dune ». Le duc y emmène sa femme Dame Jessica, son fils Paul et ses meilleurs soldats sur Arrakis...

Critique

On suit au fil du film, l’évolution, l’apprentissage de Paul Atréides (Timothée Chalamet) et les périples qu’il doit affronter sur la planète Arrakis. Suite à une trahison, les soldats Harkonnen détruisent les campements des Atréides. Paul, au coté de sa mère Dame Jessica, (Rebecca Ferguson) va fuir les soldats Harkonnen, échapper au ver géant, aux tempêtes Coriolis (ouragans de sable) jusqu’à rencontrer les Fremens, peuple autochtone écologiste. Je trouve que ce peuple est intelligemment représenté tant au niveau de leur psychologie qu’au niveau esthétique. On retiendra la bonne mentalité du personnage Liet Kynes (écologiste et gardienne de la paix sur Arrakis) qui est un pilier pour la survie de son peuple sur Arrakis.

La bande son est phénoménale, la musique épique de Hans Zimmer se fond parfaitement dans l’univers de Dune. Les acteurs principaux et secondaires sont excellents dans leurs rôles. On regrettera le peu d’apparitions du personnage de Chani interprété par Zendaya qui prendra une certaine importance dans la deuxième partie.

Les décors demeurent visuellement très aboutis, les paysages désertiques gigantesques sont magnifiques. Les ornithoptères, véhicules ressemblant aux hélicoptères utilisés pour effectuer des trajets à travers le désert d’Arrakis, sont esthétiquement parfaits. Il faut savoir que le film a été tourné dans le désert de Wadi Rum en Jordanie. Seulement deux scènes avec l’acteur Timothée Chalamet ont été tournées avec un fond vert. « Tourner dans le désert était fondamental pour moi », explique le réalisateur dans une interview pour RTL. En effet, le tournage en extérieur apporte au spectateur une certaine proximité avec le film et le rendu est beaucoup plus authentique qu’en studio.

On constate que la simplicité, le minimalisme et la sobriété des plans sont mis en valeur par le réalisateur mais Denis Villeneuve a surtout joué sur les dimensions. Effectivement, les paysages prennent largement le dessus sur l’humain dans cet univers. A travers ces jeux d’échelle, je pense qu’on se rend compte que l’Homme n’est pas le centre du monde (ou des mondes !) et qu’il doit s’adapter à son environnement au lieu de le détruire en ne pensant qu’à ses propres intérêts. Les gouverneurs du peuple Harkonnen sont obnubilés par une seule chose : « l’épice ». Cette source d’énergie se trouve uniquement sur la planète Arrakis permet de prolonger la vie humaine, peut aussi procurer des facultés mentales surhumaines et sert surtout de carburant pour la navigation interstellaire. On peut assimiler cette matière première au pétrole et l’exploitation de l’épice par les Harkonnen est comparable à une forme de capitalisme poussé à son extrême, où la production est plus importante que la vie humaine. Il est donc naturel de comparer la guerre opposant les Atréides, les Harkonnen et les Fremens aux guerres au Proche et Moyen-Orient pour la quête du pétrole. Le monde des Harkonnen paraît sombre, gris, froid et hostile. Les habitants sont réduits en esclavage et entassés massivement dans d’énormes cités. De ce fait le réalisateur insiste sur la comparaison avec la condition des esclaves des siècles passés. Les températures élevées et l’hostilité d’Arrakis nous rappellent le réchauffement climatique de notre planète et Dune est en quelque sorte prémonitoire. Le film est encore plus d’actualité que la saga de Frank Herbert (publiée dans les années 1960) sur les enjeux climatiques. Pour conclure cette partie, le film possède cette faculté de soulever des questions cruciales sur les enjeux géopolitiques et climatiques qui sont plus que jamais d’actualité.

Au moment où le dangereux baron Harkonnen (Stellan Skarsgard) sort de la tête de l’eau, on notera une référence astucieuse au film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Le protagoniste, Benjamin L.Willard, interprété par Martin Sheen, va aussi sortir la tête de l’eau et finir sa mission qui est de tuer le colonel Kurtz.

Le film de Villeneuve reste dans son écriture très fidèle au roman de science-fiction de Frank Herbert. On remarquera que Dune première partie s’achève au début du livre II, au moment où Paul s’allie avec les Fremens. Le réalisateur a vraiment pris le temps de poser les bases de cet univers sans noyer le public contrairement à la version du réalisateur David Lynch sortie en 1984, qui demeure trop condensée, pas aboutie visuellement et semble peu compréhensible pour le spectateur qui n’est pas familier avec les œuvres de Frank Herbert.

Cependant je trouve dommage que le rythme est quelquefois cassé par des scènes peu subtiles ou des passages trop expliqués. On aurait aussi aimé un peu plus d’informations sur les différents peuples et plus de profondeur chez certains personnages très intéressants comme Leto Atréides ou encore Liet Kynes quitte à enlever quelques scènes d’esthétique. Ces points négatifs restent mineurs, on retiendra principalement les grandes qualités de ce long-métrage.

Conclusion

Dune est fidèle au roman de Herbert et fait forte impression de part la beauté visuelle des décors, une bande son sublime, une narration solide et des enjeux sociétaux d’actualité. On peut dire que ce blockbuster est la version cinématographique la plus aboutie de Dune mais il est difficile de juger entièrement une œuvre sur une première partie. Je pense qu’il faudra attendre la suite et l’évolution des personnages pour vraiment avoir une vision globale.

Yazbek Alexandre
🎞️ Bande-annonce du film