Fiche technique - Retour vers le futur
- 🎬 Titre : Retour vers le futur
- 📅 Date de sortie en France : 30 octobre 1985
- 🎥 Réalisateur : Robert Zemeckis
- 🖊️ Scénario : Robert Zemeckis et Bob Gale
- 🎼 Musique : Alan Silvestri
- 🏭 Production : Bob Gale et Neil Canton
- 🌍 Pays : États-Unis
- 📽️ Genre : Science-fiction, comédie dramatique
- 🎭 Acteurs principaux :
- Michael J. Fox — Marty McFly
- Christopher Lloyd — le docteur Emmett Brown, dit « Doc »
- Crispin Glover — George McFly, le père de Marty
- Lea Thompson — Lorraine Baines-McFly, la mère de Marty
- Thomas F. Wilson — Biff Tannen
L’histoire
Marty McFly, adolescent californien typique des années 80, se retrouve propulsé accidentellement en 1955 à bord d’une DeLorean transformée en machine à voyager dans le temps par son ami excentrique, le docteur Emmett Brown. Coincé dans le passé, il doit trouver le moyen de revenir dans le futur… tout en veillant à ne pas empêcher la rencontre de ses propres parents !
La genèse de la saga
Tout commence au tout début des années 1980. Deux jeunes passionnés de cinéma, Robert Zemeckis et Bob Gale, tout juste sortis de la prestigieuse University of Southern California (USC), cherchent à écrire une histoire originale, capable de mêler émotion, humour et science-fiction.
C’est en feuilletant un yearbook, l’album de lycée de son père, que Bob Gale a une illumination. En découvrant la photo de ce dernier adolescent, il se demande :
« Si j’avais connu mon père à mon âge, est-ce qu’on aurait été amis ? »
Cette question, à la fois intime et universelle, devient le point de départ de ce qui allait devenir Retour vers le futur. Gale en parle aussitôt à son ami Robert Zemeckis, qui s’enthousiasme pour cette idée de voyage temporel à échelle humaine, loin des récits de science-fiction pure. Les deux compères imaginent un jeune homme projeté dans le passé, confronté à ses parents adolescents, découvrant leurs failles, leurs rêves, et la fragilité du destin familial.
Leur objectif : raconter une comédie temporelle où le fantastique sert avant tout à explorer les liens entre générations, la nostalgie et l’identité. Ils ne le savent pas encore, mais ils viennent de poser les bases de l’un des scénarios les plus ingénieux de toute l’histoire du cinéma populaire.
🎬 Un scénario rejeté… partout
En 1981, le duo Zemeckis–Gale termine la première version du scénario. Ils y mélangent comédie, émotion et paradoxes temporels, le tout sans cynisme ni violence — un ton en décalage total avec les comédies potaches et provocantes alors en vogue à Hollywood. Résultat : les studios ne comprennent pas le projet.
Durant près de quatre ans, le scénario circule de bureau en bureau. Les refus pleuvent :
- Certains jugent l’histoire “trop familiale”.
- D’autres la trouvent “pas assez sexy” pour séduire le jeune public
- Et chez Disney, on estime le sujet inconvenant : “une mère qui tombe amoureuse de son fils, même sans le savoir, ce n’est pas très Mickey !”
Malgré ces revers, Zemeckis et Gale ne lâchent rien. Ils retravaillent sans cesse le scénario, peaufinent les dialogues, et cherchent le bon ton : ni farce, ni film de science-fiction pur, mais une aventure drôle, rythmée et émotionnellement juste.
💥 Le déclic Spielberg
Le destin bascule en 1984. Robert Zemeckis réalise À la poursuite du diamant vert, un succès surprise produit par Michael Douglas. Le film prouve qu’il est capable de gérer l’action et la comédie avec brio. Fort de ce succès, il retrouve enfin son mentor : Steven Spielberg, qui avait toujours cru au potentiel de Back to the Future.
Spielberg, alors au sommet après E.T. et Indiana Jones, convainc Universal Pictures de relancer le projet. Le patron du studio, Sid Sheinberg, donne le feu vert à condition de respecter un budget serré et un ton “grand public”.
Zemeckis et Gale peuvent enfin commencer la préproduction. Ils peaufinent chaque détail, du concept du voyage temporel à la symbolique du “retour vers soi”, tout en intégrant les idées de Spielberg sur le rythme et l’équilibre entre humour et émotion.
⚡ Du réfrigérateur à la DeLorean
Une fois le feu vert obtenu, Zemeckis et Gale peaufinent leur scénario jusque dans les moindres détails. Leur première idée pour la machine à voyager dans le temps est… surprenante : un réfrigérateur nucléaire ! Dans cette version, Marty devait s’introduire dans un site d’essai atomique pour activer la machine, avant d’être propulsé dans le temps par une explosion nucléaire. Mais très vite, Zemeckis abandonne l’idée : le dispositif est trop complexe à filmer — et surtout trop dangereux à reproduire pour les enfants.
Il cherche alors un objet plus mobile et symbolique, qui puisse devenir un personnage à part entière du film. C’est là qu’apparaît la DeLorean DMC-12, voiture de sport au design futuriste en acier brossé, équipée de portes papillon. Ce choix s’impose presque comme une évidence : sa silhouette évoque déjà un vaisseau spatial, et sa rareté en fait une icône parfaite pour un savant excentrique comme Doc Brown.
Le concept du “convecteur temporel” (flux capacitor en VO) — l’invention centrale de Doc — vient boucler la boucle. Zemeckis imagine une lumière en forme de “Y” battant dans le cœur de la voiture, comme un pouls énergétique. L’idée des 88 miles à l’heure (environ 142 km/h) surgit, elle aussi, par souci de rythme : un chiffre “magique”, facile à retenir et sonnant bien à l’oreille.
🧠 Des influences et un ton à part
Contrairement aux films de science-fiction froids ou purement technologiques, Retour vers le futur adopte une tonalité chaleureuse et humaniste. Zemeckis et Gale veulent raconter une histoire d’humains avant tout, où la science n’est qu’un prétexte pour explorer la famille, le destin et la possibilité de se réinventer.
Leur modèle n’est pas Star Wars, mais plutôt Frank Capra (La vie est belle) et Preston Sturges : des conteurs capables de faire rire, réfléchir et rêver dans le même mouvement. Les années 50 y sont idéalisées, lumineuses et nostalgiques — un reflet fantasmé du passé américain, tel que pourrait le percevoir un adolescent des années 80.
C’est cette combinaison unique de sincérité, d’humour et de virtuosité narrative qui fera la force du film, et qui lui vaudra de devenir, bien au-delà de son époque, une véritable légende du cinéma populaire.
🎥 Préparation du tournage : un projet qui prend forme
Au début de 1985, après plusieurs réécritures, le scénario est enfin validé par Universal Pictures. Le budget est estimé à environ 19 millions de dollars, une somme raisonnable mais suffisante pour un film de science-fiction familial. Les studios misent sur la complémentarité du duo : Zemeckis, technicien minutieux, et Gale, scénariste sensible et observateur des relations humaines. À leurs côtés, Steven Spielberg agit comme un véritable mentor — il relit les versions du script, encourage les choix audacieux et rassure Universal lorsqu’elle doute de la viabilité du projet.
🎭 Le casse-tête du casting
Le rôle de Marty McFly est la clé du film : il faut un comédien à la fois drôle, nerveux et attachant, capable de passer de l’adolescence rebelle à la tendresse familiale sans jamais forcer. Le premier choix de Zemeckis et Gale est Michael J. Fox, alors star de la série Family Ties. Mais le planning télévisé de l’acteur empêche toute disponibilité. Universal engage donc Eric Stoltz, jeune espoir remarqué dans Mask (1985). Le tournage débute avec lui… mais très vite, Zemeckis réalise que le ton ne colle pas. Stoltz joue juste, mais trop sérieusement : il aborde le film comme un drame psychologique. Après cinq semaines, décision douloureuse mais salutaire : Stoltz est remplacé par Michael J. Fox. Un accord est trouvé avec la production de Family Ties pour qu’il tourne la journée la série et la nuit le film. Une cadence infernale, mais un miracle d’énergie à l’écran.
Le reste du casting s’impose rapidement :
- Christopher Lloyd incarne le docteur Emmett Brown avec une exubérance géniale.
- Lea Thompson apporte douceur et nostalgie au rôle de Lorraine.
- Crispin Glover compose un George McFly timide et maladroit.
- Et Thomas F. Wilson, parfait en Biff Tannen, campe un bully caricatural mais inoubliable.
🎞️ Bande-annonce du film
⚙️ Des détails soignés et un ton unique
Tout au long de la préparation, Zemeckis veut que le film garde un équilibre entre comédie, émotion et aventure. Chaque élément du décor de Hill Valley est pensé comme un personnage à part entière : la ville doit vivre, évoluer, se transformer entre 1955 et 1985. Les designers de production construisent ainsi une place centrale complète, que l’on pourra “voyager” dans le temps en modifiant enseignes et voitures.
Les costumes, quant à eux, participent à la narration : les jeans, baskets et doudounes de Marty tranchent violemment avec les costumes sages et les robes pastel des années 50. Cette collision visuelle devient le reflet même du thème du film : le choc des époques et des générations.
Zemeckis et Gale peaufinent le rythme, ajustent les dialogues et injectent des motifs récurrents (le café, les pin’s, la montre, la foudre…) pour relier les deux époques et donner au récit une structure circulaire — véritable boucle temporelle scénaristique.
🎞️ Une dernière étincelle avant le départ
Avec un scénario solide, un casting idéal et la bénédiction de Spielberg, le tournage peut enfin démarrer à la fin de l’année 1984. L’équipe ignore encore qu’elle est sur le point de créer l’un des films les plus emblématiques de l’histoire du cinéma.
Mais déjà, dans les studios d’Universal, entre deux essais de la DeLorean, Zemeckis confie à Gale :
« Si on arrive à faire rire, rêver et pleurer dans le même film… on aura gagné notre pari. »
⚡Les effets spéciaux
Les effets visuels, signés Industrial Light & Magic (ILM), combinent maquettes, miniatures et animation image par image :
- Les éclairs du voyage temporel sont peints à la main sur la pellicule.
- Les flammes laissées par les pneus sont de véritables effets pyrotechniques.
- Le départ à 88 mph utilise un savant montage entre maquette et tournage réel.
🎵 La musique
La bande originale signée Alan Silvestri est un modèle du genre : grandiose, héroïque, et parfaitement synchronisée avec le montage. Zemeckis voulait un thème “à la John Williams” — Silvestri livre une partition épique immédiatement reconnaissable. Et pour l’énergie pop, Huey Lewis and the News offrent deux tubes : The Power of Love et Back in Time (Huey Lewis fait même un caméo dans le film, en professeur jugeant le groupe de Marty “trop fort”).
🚗 La DeLorean : la star inoxydable
Six DeLorean furent construites ou modifiées pour le tournage :
- 3 voitures “héroïques” pour les gros plans.
- 1 sur rails pour les séquences à grande vitesse.
- 1 coupée en deux pour les prises de vue intérieures.
- 1 miniature pour les effets spéciaux d’ILM.
Chacune fut personnalisée par le responsable des effets mécaniques Kevin Pike : circuits, tuyaux, voyants, convecteur temporel clignotant… Les bruits du moteur furent recréés en post-production à partir de sons d’avions et de moteurs électriques.
La DeLorean, produite entre 1981 et 1983, avait été un échec commercial. Mais grâce au film, elle est devenue l’icône absolue du voyage temporel, symbole inoxydable du cinéma des années 80. Aujourd’hui, les modèles originaux sont conservés chez Universal et dans quelques musées privés, et des fans continuent d’en fabriquer des répliques fidèles.
Source : JMortonPhoto.com & OtoGodfrey.com, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.
💡 Le saviez-vous ?
🎙️ Les voix françaises et le doublage
Le doublage français, dirigé par Jacques Balutin, est aujourd’hui considéré comme l’un des plus réussis des années 80.
- Marty McFly : Luq Hamet, voix vive et juvénile, parfaitement synchronisée au débit mitraillette de Michael J. Fox.
- Doc Brown : Pierre Hatet, inoubliable avec son ton exalté et ses “Nom de Zeus !”, devenus plus célèbres que le “Great Scott !” original.
- Lorraine : Céline Monsarrat, tout en fraîcheur et candeur.
- George McFly : Dominique Collignon-Maurin, impeccable de nervosité.
- Biff Tannen : Richard Darbois, voix puissante et menaçante.
Les adaptateurs Balutin et Michel Gast ont su reformuler les dialogues sans trahir le ton : “Nom de Zeus !”, “Bon à rien !”, “Tu veux dire que t’as fabriqué une machine à voyager dans le temps… dans une DeLorean ?!” — autant de phrases devenues cultes pour toute une génération.
Le doublage a également contribué au succès télévisuel et VHS du film dans les années 90, au point que de nombreux spectateurs français n’ont jamais vu la VO… et n’en ressentent aucun manque.
🎬 Pourquoi il reste culte
Parce que tout y fonctionne :
Le rythme de Zemeckis, la sincérité de Michael J. Fox, la folie bienveillante de Doc Brown, la musique galvanisante d’Alan Silvestri, et cette idée universelle :
« Changer le passé, c’est peut-être simplement apprendre à mieux vivre son présent. »
Près de quarante ans plus tard, Retour vers le futur continue de rassembler fans, collectionneurs et nouvelles générations autour de sa DeLorean lancée à 88 miles à l’heure. Et quelque part, au détour d’un éclat de tonnerre, on jurerait encore entendre Doc crier :
« Nom de Zeus, Marty ! »